« Ah ! Sa robe est riche, ses membres délicats, ses yeux vairs, ses cheveux clairs comme des rayons de soleil. innocente, de saisir un fer rougi au feu ? à quelques jours de là , le duc Hoël, son sénéchal et tous ses veneurs, Tristan, Iseut aux Blanches Mains et Kaherdin sortirent ensemble du château pour chasser en forêt. Mais il répugnait à Tristan de les frapper ; les conteurs prétendent que Tristan tua Yvain : câest dire vilenie ; non, il était trop preux pour occire telle engeance. â Oui, ami Tristan, nos vies sont enlacées et tissées lâune à lâautre. â Retourne vers la reine, beau doux ami Perinis : dis-lui que je ferai sa volonté. ». Le même jour, Tristan prit congé de Dinas, à tel déconfort quâil semblait avoir perdu le sens, et sa nef appareilla pour la Bretagne. Dans le fragment anonyme qui fait Iseut lâentend, elle ne peut dire une parole. Le temps approche ; nâavons-nous pas bu déjà toute misère et toute joie ? Ainsi, pour lâamour du roi Marc, par la ruse et par la force, Tristan accomplit la quête de la Reine aux cheveux dâor. Oui, je vous aimais en retour : nâêtes-vous pas du lignage du roi, et nâai-je pas ouï maintes fois ma mère répéter quâune femme nâaime pas son seigneur tant quâelle nâaime pas la parenté de son seigneur ? Il sent sa colère qui malgré lui sâapaise. et chevaleresque nâest pas le costume primitif ; Câest bien un poème, en effet, quoiquâil soit vieux poèmes perdus. au passage, le sang a malement coulé de la blessure sur la farine. celui-là mâa toujours aimé, et pour moi il quitterait Iseut la Blonde. Suis-les donc ; sÅur, sache-le bien, si je tâenvoie à la forêt, câest quâil y va de mon repos et de ma vie ! ». Bientôt, des voix condamneront ce fol amor. Je dirai donc brièvement comment, après avoir longtemps erré par les mers et les pays, Rohalt le Foi-Tenant aborda en Cornouailles, retrouva Tristan, et, montrant au roi lâescarboucle jadis donnée par lui à Blanchefleur comme un cher présent nuptial, lui dit : « Roi Marc, celui-ci est Tristan de Loonnois, votre neveu, fils de votre sÅur Blanchefleur et du roi Rivalen. Marc lâécouta sans mot dire et se réjouissait en son cÅur, car il aimait encore la reine. Un jour le roi les surprend dans le foret, et pris de pitié , pardonne à Iseut , à condition que Tristan quitte le pays. Tristan répondit, de sa voix étrangement contrefaite : « Sire, bon et noble entre tous les rois, je le savais, quâà votre vue mon cÅur se fondrait de tendresse. puissant et de fine psychologie. Ils traversèrent une plaine dévastée : partout des murs ruinés, des villages sans habitants, des champs essartés par le feu, et leurs chevaux foulaient des cendres et des charbons. Pas un message dâelle. Et dehors, à la lune, le nain, par son art de sortilège, connut que les amants étaient réunis. La reine eut honte à cause de lâassemblée et rougit. Quand Denoalen fut près de lui, Tristan rejeta sa chape, bondit, se dressa devant son ennemi. Qui tâa chassé de ma forêt ? ». â Comment lâaurais-je commandé ? Trouvé à l'intérieur – Page 1Ce récit raconte l'histoire de Tristan de Loonois, un preux chevalier orphelin, et d'Iseult la Blonde. Elle joint le fragment à la brèche ; à peine voyait-on la trace de la brisure. Depuis, lâon ne vint plus guère chasser dans ce bois. Mais une grande courtine tendue à travers la chambre masque le pertuis. Les mains sont belles, le lai bon, le ton bas et douce la voix. Google Analytics : Contient des informations relatives à la campagne. pas quâil nâa pas écrit tout le poème en vers Seule Iseut était demeurée sur la nef, et une petite servante. Il était beau chevalier, orgueilleux et fier, bien emparlé, mais il valait mieux dans les chambres des dames quâen bataille. Jâai peur ! Elle sâapprocha du brasier, pâle et chancelante. aux conditions de son existence accoutumée. « Dieu ! Je nâai plus que faire céans, puisque ma dame mâenvoie au loin préparer la maison claire que je lui ai promise, la maison de cristal, fleurie de roses, lumineuse au matin quand reluit le soleil ! â Il me vient, seigneurs, de la Belle aux cheveux dâor ; deux hirondelles me lâont porté ; elles savent de quel pays. ». Un jour quâil était assis aux côtés du jeune duc, son cÅur était si douloureux quâil soupirait sans même sâen apercevoir. Iseut a ses vives, ses belles amours, et Tristan auprès dâelle, à loisir, et le jour et la nuit ; car, ainsi que veut la coutume chez les hauts seigneurs, il couche dans la chambre royale, parmi les privés et les fidèles. En lui est tout son désir, et depuis deux années elle ne sait rien de lui. â Je suis Tristan, celui qui a tant aimé la reine, et qui lâaimera jusquâà la mort. ». Ils se jetèrent sous bois, mais lâhomme passa sans les voir, car il sommeillait en selle. Mais il se fiait en Dieu et savait quâen champ clos nul nâoserait brandir une arme contre lui. Leurs deux chevaux marchaient côte à côte : il lâattira vers lui et la pressa entre ses bras. Ah ! plus récent des poèmes que lâadmirable Là -bas, dans la loge de feuillée, sur la jonchée fleurie, Tristan et la reine dormaient étroitement embrassés. On lâemmène honteusement ; et la reine sâécrie, presque folle dâangoisse : « Ãtre tuée, ami, pour que vous soyez sauvé, ce serait grande joie ! ». Qui donc soupçonnerait un fils ? Alors lâhomme qui marchait le premier tira son épée et se retourna ; elle se rejeta vers lâautre serf pour lui demander aide ; il tenait aussi lâépée nue à son poing et dit : « Jeune fille, il nous faut te tuer. ». doute pas quâil ne retrouve auprès de nos Tous se taisaient. Tristan la prit par la main et la conduisit devant le roi ; le roi se saisit dâelle en la prenant à son tour par la main. les allusions et les poèmes épisodiques, dans le Comme un marinier, au cours dâune longue traversée, lance par-dessus bord le cadavre dâun ancien compagnon, ainsi, de ses bras tremblants, Gorvenal poussa au large la barque où gisait son cher fils, et la mer lâemporta. moderne avec autant de soin quâil avait fait Si Marc a goûté au philtre sans qu'Iseut en ait bu avec lui, il est victime de l'ingrates amor, l'amour non partagé. Sache que jâai une autre Iseut, plus belle que toutes les femmes, qui a souffert et qui souffre encore pour moi maintes peines. Cet ouvrage est une réédition numérique d’un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d’origine. Alors le nain fit une laide félonie. Mais il assure quâil ne vous a point trahie ; que, pas un seul jour, il nâa cessé de vous chérir par-dessus toutes les femmes ; quâil mourra sâil ne vous revoit, une fois seulement : il vous semont dây consentir, par la promesse que vous lui fîtes le dernier jour où il vous parla. ». Nous devons bien pleurer ! Dans la ramure, le roi eut pitié et sourit doucement. Il portait dâune main son arc dâaubier et deux flèches ; dans lâautre il tenait deux longues tresses dâhomme. Alors les couards tremblèrent ; ils crurent voir Tristan revenu, qui saignait à blanc leurs corps. Marc quitte la salle, Iseut se retire en sa chambre, et fait venir le sénéchal auprès dâelle : « Ami, vous êtes messager de Tristan ? A la ligne 33; « l’œuvre défendue qui détourne le regard de Dieu » est une litote qui signifie en fait la perte de la virginité d’Iseut. Quand ils furent revenus au seuil du château, Kaherdin dit à Tristan : « Or, bel ami, nous monterons à la salle où sont ma mère et ma sÅur. ». En effet, à plusieurs reprises, Brangaine et le narrateur ont recourt à des formulations signifiant le désastre que provoque la consommation du boire herbé par les deux amants. Au matin, après que lâermite eut chanté et quâils eurent partagé le pain dâorge et de cendre, Tristan prit congé du prudâhomme, et chevaucha vers Carhaix. Lequel de nous, seigneurs, dirigerait une nef sans rames ni voile ? Demain, au matin, que votre nef soit prête à lâappareillage. ». Dernière modification le 29 septembre 2019, à 16:14, https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Le_Roman_de_Tristan_et_Iseut/Texte_entier&oldid=9920199, licence Creative Commons Attribution-partage dans les mêmes conditions. « Frère, sâécria Tristan, quâas-tu dit ? Lâermite pleura et adora Dieu : « Dieu, beau roi tout-puissant ! Pourtant, â et je nâexcepte que toi seul, roi Marc, ainsi quâil convient, â si quelquâun de tes barons veut prouver par bataille que le roi dâIrlande lève ce tribut contre le droit, jâaccepterai son gage. Ne parle à nul homme de ce que tu as vu ; je te donnerai de lâor et de lâargent, tant que tu en voudras prendre. ». Cachez votre départ à votre sÅur, ou dites que vous allez quérir un médecin. à quoi bon tenter Dieu ? » Cet autre songeait : « Vous ai-je élevés, chers fils, pour les besognes des serfs, et vous, chères filles, pour celles des filles de joie ? Légers comme lâécume, ils surnageaient et coulaient avec elle, et, dans les chambres des femmes, Iseut épiait leur venue. Il emporta sur sa nef vers Tintagel leurs corps aimés. Vainement : il ne peut le blesser. Pourquoi trembler ? Désormais, nul nâosa plus pénétrer dans la forêt sauvage : lâeffroi en garde lâentrée et les amants y sont maîtres. Sous les arbres, sans une parole, il la pressa contre sa poitrine ; leurs bras se nouèrent fermement autour de leurs corps, et jusquâà lâaube, comme cousus par des lacs, ils ne se déprirent pas de lâétreinte. Bien des hommes sont morts pour cette querelle. ». quinze cents vers. Fou, veux-tu sans répit chercher la mort ? ». écrit en belle et simple prose. â Sire, je suis Tristan, je vous apporte un bref ; je le laisse là , sur le grillage de cette fenêtre. Seigneurs, la chapelle nâa dâautre issue que celle-ci ; chacun de vous tient son épée ; vous savez bien que je ne puis passer que par cette porte, et quand jâaurai prié Dieu, il faudra bien que je me remette entre vos mains ! », « Nous pouvons bien le lui permettre. ». Un jour quâil était ivre, il sâétait vanté de sa traîtrise. Et vous voulez, Tristan, que jâimplore du roi votre pardon ? Il pleure sous lâaffront ; mais de quoi lui servent ses larmes ? 6 Pourquoi cette relation est-elle vouée au malheur ? Comme M. G. Paris lâa trop bienveillamment exposé, jâai Je lui rendrais la reine. Prenez cet anneau : câest une enseigne entre elle et moi. Tristan et Iseut. Non, il nâa point pardonné, mais il a compris. seigneur, si vos veneurs vous ont marri, vous sied-il de prendre tant à cÅur des fâcheries de chasse ? ». Mais le roi voit sur le lit les draps tout vermeils et, sur le sol, la fleur de farine trempée de sang frais. Perinis retourna donc vers la reine et lui redit ce quâil avait vu et entendu. Quand le roi Marc apprit la mort des amants, il franchit la mer et, venu en Bretagne, fit ouvrer deux cercueils, lâun de calcédoine pour Iseut, lâautre de béryl pour Tristan. Ils brûlent de convoitise, de haine et de joie. Je ne jurerais Plus tard, voyant qu'ils sont trop love l'un de l'autre, ils décident de s'enfuir. Pourquoi venez-vous ici débiter vos songeries ? Ce cookie est défini par le plugin GDPR Cookie Consent. â Jâai choisi celle à qui fut ce cheveu dâor, et sachez que je nâen veux point dâautre. En châtiment de la male garde quâelle avait faite sur la mer et pour lâamour de son amie, elle lui sacrifia, la fidèle, la pureté de son corps ; lâobscurité de la nuit cacha au roi sa ruse et sa honte. Guéri, Tristan parvient à prouver qu'il a tué le monstre et exige du roi d'Irlande son dû : il ramènera Iseut en Cornouailles où elle épousera le roi Marc en gage de paix. Il faisait noir dans la chambre : ni cierge allumé, ni lampe. Elle vint donc là où lâarmure de Tristan était déposée : « Ce heaume est de bon acier, pensa-t-elle, et ne lui faillira pas au besoin. grandeur et leur beauté, mais perdent beaucoup Un à un, dans la salle où déjà sâamassaient sans nombre les barons dâIrlande, ils entrèrent, sâassirent à la file sur un même rang, et les pierreries ruisselaient au long de leurs riches vêtements dâécarlate, de cendal et de pourpre. Elle avait tant aimé Tristan !⦠elle connaissait enfin son amour pour une autre. Pourquoi rester encore ? pour son art et pour son savoir, et plus Entre ses bras il tient la reine. Il se fit connaître, et Tristan lui dit : « Je suis Tristan, roi de Loonnois, et Marc, le roi de Cornouailles, est mon oncle. Cette histoire est tragique parce que finalement, c'est le philtre d'amour qui a provoqué leur mort. Mais qui donc peut longtemps tenir ses amours secrètes ? Nul ne le voit qui nâen ait pitié. Il remit la reine en selle, et le cortège sâéloigna. Quant à Tristan, quâil sâen aille, ainsi quâil lâoffre, guerroyer en Gavoie ou près du roi de Frise. Mais toi, fuis de ce pays, pour ton salut, pour le mien ! ». Ah ! Là -bas, dans une clairière de la forêt, le nain Frocin interrogeait le cours des étoiles ; il y lut que le roi le menaçait de mort ; il noircit de peur et de honte, enfla de rage, et sâenfuit prestement vers la terre de Galles. C'est cet amour fatal qui a séduit les hommes et les femmes du XII e siècle, puis, plus près de nous, le compositeur allemand Richard Wagner. Bleheri, lancé à leur poursuite, répétait : « Tristan ! Elle heurta légèrement le bras de Dinas, en telle guise que plusieurs paonnets tombèrent en désordre. Elle se tourna vers lâorient et pria Dieu. Aux portes de Tintagel, il le quitta. Tristan prit la harpe et chanta si bellement que les barons sâattendrissaient à lâentendre. Il laissa tomber sa chape, et son beau corps apparut. Tu le vois, les félons connaissent ton refuge ! Mais ce que je ou sâattacher à Béroul. Les amants ne fuyaient plus par la forêt, sans cesse errants ; car nul des barons ne se risquait à les poursuivre, connaissant que Tristan les eût pendus aux branches des arbres. Leurs visages amaigris se font blêmes, leurs vêtements tombent en haillons, déchirés par les ronces. Mais, pendant la nuit, de la tombe de Tristan jaillit une ronce verte et feuillue, aux forts rameaux, aux fleurs odorantes, qui, sâélevant par-dessus la chapelle, sâenfonça dans la tombe dâIseut. à une portée dâarc en avant des siens, le roi chevauchait hardiment ; avec lui, Dinas de Lidan. La légende de Tristan et Iseut Puis elle trouva le monstre sans tête et le cheval mort ; il nâétait pas harnaché selon la coutume dâIrlande. Laisse-le-moi et prends plutôt ma sÅur et la moitié de ma terre. Ils prirent congé du duc Hoël. Mais Tristan lâenchanteur tâa gagné par ses mensonges et ses présents. à son pied, une source vive : lâeau sâépandait dâabord en une large nappe, claire et calme, enclose par un perron de marbre ; puis, contenue entre deux rives resserrées, elle courait par le verger, et, pénétrant dans lâintérieur même du château, traversait les chambres des femmes. â Iseut, que jâai tant aimée. Elle suit la rue, sa guimpe déliée. Mais elle voit quâelle est largement ébréchée. Oyez, vous tous qui passez par la voie, 4. Non, Tristan nâeut pas la force de partir ; et quand il eut franchi les lices et les fossés du château, il connut quâil ne pourrait sâéloigner davantage ; il sâarrêta dans le bourg même de Tintagel, prit hôtel avec Gorvenal dans la maison dâun bourgeois, et languit, torturé par la fièvre, plus blessé que naguère, aux jours où lâépieu du Morholt avait empoisonné son corps. Sachez quâelle est toute noire. ». Mais, comme ces marchands dâétrange sorte consumaient le jour aux nobles jeux des tables et des échecs et paraissaient mieux sâentendre à manier les dés quâà mesurer le froment, Tristan redoutait dâêtre découvert, et ne savait comment entreprendre sa quête. Quelques traits sont pris à Gottfried de Strasbourg (édit. treizième siècle, le Domnei des Amanz. Il veut se reprendre ; Kaherdin le refrappe à coups dâaviron et le rabat sous les eaux, et crie : « Meurs, traître ! « Sire Tristan, sâécria-t-il, sachez quel grand serment ont juré les hommes de Cornouailles. Or, chaque soir, Tristan, par le conseil de Brangien, taillait avec art des morceaux dâécorce et de menus branchages. Ire de femme est a duter ; Ils prétendaient donc quâil te convient de te justifier par le serment et par lâépreuve du fer rouge. Cum Iseus det a lâamador, aussi semblables que possible à ceux de Béroul, Note 3/ «Qu'est-ce que le philtre, c'est l'alibi de cette passion. Elle devait nous égorger, elle nous a épargnés. ». en quel pays ? Le monstre approchait. au roman en prose française contenu dans le manuscrit 103 de la Bibliothèque nationale.